Entre nature et fabriqué, humour et gravité, les oeuvres de Jean-Pierre Métayer sont des fils arachnéens suspendus entre les mondes. Tissés l’air de rien, comme si ses fruits, fleurs, feuilles et graines ramassés par ci par là s’étaient presque passés de lui pour se rencontrer.
On pourrait dire que c’est la discrétion qui souffle sur les «créatures de nature» réinventées par Jean-Pierre. Il suffit de l’interroger. Il vous répondra que c’était parce que c’était elle et parce que c’était cet autre, et qu’ils se trouvaient là devant lui pour que l’évidence s’impose. Cette graine géante et cette tige de métal tordu existent de tout temps pour se rencontrer et faire sens.
Cet équilibre qui ne tient qu’à un fil, ces haricots séchés emportés immobiles par le vent, cet arbre miniature qui prête ses branches aux mouvements des fils géants qui y sont pendus parlent tous ensemble le même langage : mélange de nostalgie d’une nature autrefois vivante dont on goûte les restes sous formes de fossiles, squelettes, vestiges séchés, d’une poésie du dérisoire, d’un art de la nudité pure.
Jean-Pierre parle peu mais communique beaucoup. En nous donnant à voir son travail silencieux, il nous prête sa vision d’un monde précaire et presque perdu qui parle avec l’élégance d’un désespoir si délicat qu’il en devient aimable.
Hélène Carles.